Un document irremplaçable !
Voilà un document irremplaçable, le répertoire des Comtois enrôlés dans les armées de la Révolution et de l'Empire, soit près d'un quart de siècle de guerre. On le consultera avec intérêt pour retrouver les patronymes comtois, en particulier, du Doubs et du Haut-Doubs.
Ce répertoire propose plusieurs « entrées » alphabétique et géographique, par départements et communes, pour la Franche-Comté. Il propose des notes biographiques pour les Comtois les plus connus, ceux dont l'Histoire a gardé le nom, en particulier, eu égard à leur grade. On retrouvera là, pour le Doubs, le maréchal Moncey et une quinzaine de généraux : Chrétien de L'Isle sur le Doubs, Donzelot de Mamirolle, Farine de Damprichard, Ferrand, Guillemet, Lecourbe, Pajol et Ruty de Besançon, Lonchampt de Sombacour, Marguet d'Arçon, Morand, Parguez et Verne de Pontarlier, Ravier d'Arc-sous-Cicon. On relira comme une leçon de dignité et un refus pour l'honneur la lettre de Moncey à Louis XVIII qui lui demande de présider le tribunal d'exception, chargé de juger Ney, après les Cent-Jours. Les révolutions qui provoquent, aux 19e et 20e siècles, tant de changements de régime, de procès politiques, de condamnations, voire d'exécutions, n'ont pas habitué les Français au sens de l'honneur, mais plutôt à la couardise. Et pourtant, il y avait de la noblesse dans le refus de Moncey.
Cet index des Comtois engagés dans les guerres de la Révolution et de l'Empire fait défiler plus de 20 ans de batailles, victoires souvent qui s'énoncent comme celles d'un peuple emporté par la gloire des armes, défaites rares, navales et terrestres, en Espagne, Russie et Allemagne.
C'est le souffle du bonapartisme qui traverse cet index des Comtois dans la tourmente des guerres d'Empire, le bonapartisme qui balaie les clivages politiques, liquide les idéologies, gomme les classes pour rassembler dans cette extraordinaire épopée, à l'enseigne d'une puissante synthèse d'ordre et de liberté. Pour que se lèvent ces orages désirés, il faut cette symbiose du chef et de la tempête.
La recherche ou la découverte d'un nom plongent le lecteur dans la fièvre révolutionnaire qui donnera à l'Empire son élan et sa force messianique. Du plus petit village de Comté, on part pour l'aventure et la gloire, à l'instar de ce Jean-Baptiste Gaume, né à Fuans en 1792, qui rejoint son dépôt à Grenoble en 1811, et, de là, se rend à Königsberg, le tout à pied, à l'aller comme au retour, où il participe à la campagne d'Allemagne. Et J.-B. Gaume mourra … en 1889, à près de 100 ans, doyen des éditeurs français ; sans doute, sur un air de Béranger : « Parle-nous en, parlez-nous en, grand-mère … ! » REGARDS SUR LE HAUT-DOUBS, N° 130, 3E TRIMESTRE 2004, P. 26-27, juillet 2004
Les Franc-Comtois et l'Empire par J.-M. Thiébaud, T. Choffat et G. Tissot-Robbe (ICC 2004)
|