Critiques

Déjà auteurs d'un solide ouvrage énumérant doctement environ 6000 notices biographiques de Comtois au service de l'Empire, T. Choffat, J.-M. Thiébaud et G. Tissot nous proposent ici une version plus allégée, plus cursive donc plus agréable à lire.
On doit s'interroger sur l'enthousiasme des Comtois en faveur du Consulat et de l'Empire, qu'ils rallient en masse. Explication : après les excès des dix années de la Révolution (deux cent cinquante condamnations à mort, des centaines d'émigrés, des dizaines de déportés en Guyane), le Consulat et l'Empire offrent la paix civile, la réconciliation de l'Etat et de l'Eglise et une certaine prospérité. Mieux, c'est l'ère des promotions sociales par le mérite. Même les roturiers peuvent devenir des officiers !
De l'adhésion massive des Comtois à la personne de Napoléon, émergent selon T. Choffat, J.-M. Thiébaud et G. Tissot, les destins exemplaires d'une centaine d'entre eux. Ils se déploient hors du commun par mille et un détails dans toutes les catégories sociales.
Ils se pressent dans l'armée (le maréchal Moncey, la douzaine de généraux comtois à Waterloo …), dans le secteur de la médecine (Xavier Bichat qui bouleverse tous les concepts classiques de son temps, Pierre-François Percy le chirurgien de terrain de la Grande Armée), dans la vie intellectuelle et artistique (le savant au service de la France, Georges Cuvier, Charles Weiss bibliothécaire de la ville de Besançon, singulièrement enrichie par le legs du bisontin Pierre-Adrien Paris …) et dans l'industrie (Frédéric-Guillaume Japy à la tête d'une entreprise de cinq cents salariés en 1806, l'illustre maître de forges Jean-Emmanuel Jobez, le fondateur d'une dynastie industrielle de classe mondiale, Jean-Pierre Peugeot …).
Le manège des cent Comtois de Napoléon tourne sans fin avec pour chaque portrait un trait, une expression et un événement frappant l'esprit et retenant la mémoire.

Claude Mijoux

LE JURA FRANÇAIS, FRANCHE-COMTÉ, PAYS DE L'AIN, N° 273, mars 2007